Polynésie 2012
Sujet
- Légendez le schéma fourni ci-dessous (Vous reporterez la numérotation du schéma sur votre copie). Listez les éléments de l’oreille ayant une fonction physiologique spécifique et précisez celle-ci pour chacun d’eux.
- Un plongeur ressent des vertiges pendant la remontée. Mal informé de cette éventualité, il tente d’équilibrer ses oreilles avec la manœuvre de Valsalva. Il ressent une vive douleur soudaine à l’oreille. En sortant de l’eau, il se plaint d’acouphènes. Expliquer le mécanisme initial ressenti par le plongeur ? Quelle recommandation donneriez-vous à vos stagiaires pédagogiques pour prévenir ce type de situation ? Quel accident suspectez-vous au retour de plongée, comment réagissez vous ?
- Citez toutes les manœuvres d’équilibration utilisables par le plongeur ? Quels conseils donneriez vous à vos stagiaires pédagogiques afin qu’ils préservent au mieux leurs propres oreilles et celles de leurs élèves ?
Correction
Schéma simplifié (2 pts)
Liste des différents organes composant l’oreille avec leur fonction respective (1 pt).
Pavillon
en forme d’entonnoir, capte le son
Conduit auditif externe
Conduit le son au tympan, filtre les poussières contenues dans l’air.
Tympan
Membrane souple qui transmet les vibrations de l’air aux osselets de l’oreille moyenne.
Osselets
permettent la transmission et l’amplification des vibrations sonores du tympan jusqu’à la fenêtre ovale de la cochlée
Trompe d’Eustache
conduit osseux et fibro-cartilagineux reliant la paroi antérieure de l’oreille moyenne au rhinopharynx
Fenêtre ovale
permet la transmission des vibrations de la caisse tympanique à l’oreille interne.
Fenêtre ronde
permet de compenser la déformation de la fenêtre ovale
Cochlée
Le limaçon osseux est un minuscule tube osseux en forme de spirale formé de deux canaux et d’un conduit subdivisé par une paroi élastique fine appelée limaçon membraneux, qui longe la spirale. Cette paroi est fixée à une extrémité par la membrane basilaire et à l’autre extrémité par la membrane vestibulaire. Les vibrations sonores atteignant l’oreille interne sont transmises à travers le fluide des canaux cochléaires (le canal tympanique et le canal vestibulaire) et autour du canal cochléaire qui les divise. Avec la pression exercée par les vibrations sur la membrane basilaire, qui est la paroi vibratile du canal cochléaire, le fluide situé dans le canal est agité. Ces mouvements stimulent l’organe de Corti, qui se trouve dans une membrane située dans la paroi cochléaire. C’est un organe sensoriel de l’audition qui transforme les vibrations mécaniques en impulsions nerveuses. Il est composé d’une membrane gélatineuse (membrane de Corti) et de deux rangées de cellules ciliées (cellules ciliées réceptrices), l’une interne et l’autre externe, qui se trouvent entre la membrane de Corti et la membrane basilaire. Lorsque la membrane basilaire vibre, elle pousse les cellules ciliées contre la membrane de Corti, ce qui provoque la formation d’une substance chimique par les cellules ciliées. Cette substance transforme le mouvement en impulsions électriques dans les fibres nerveuses adjacentes. Il existe environ 30 000 fibres nerveuses dans chaque oreille. Ces fibres transmettent des signaux au tronc cérébral et au cortex auditif du cerveau.
Canaux semi-circulaires
Ces canaux sont responsables de la perception des mouvements de la tête dans trois dimensions. Les canaux semi-circulaires occupent la plus grande partie de l’oreille interne. Chaque canal contient un liquide et des cils sensitifs reliés à des cellules réceptrices qui transmettent les informations au cervelet. Lors de l’inclinaison de la tête, le liquide exerce une pression sur les cils sensitifs des cellules réceptrices. Les cellules réceptrices transforment cette pression en signaux électriques qui sont envoyés au cerveau grâce à des impulsions nerveuses. D’autres cellules réceptrices sont situées dans les canaux semi-circulaires et à leur proximité. Les influx nerveux sont essentiels dans le contrôle de l’équilibre.
L’utricule et le saccule
les cellules ciliées ne sont pas orientées dans une seule direction. Ainsi, cette disposition permet de répondre aux accélérations linéaires dans toutes les directions et aux forces gravitationnelles.
Nerf Auditif
Les influx nerveux sont transmis au nerf auditif, qui vont l’amener aux centres auditifs du cerveau. C’est là que le cerveau va décoder et interpréter les messages reçus.
Etude de cas (2 pts)
Problème initial rencontré
le vertige alternobarique : Lors de la remontée, différence de pression entre les deux oreilles moyennes, dû à un mauvais fonctionnement de la Trompe d’Eustache d’une oreille. Les signaux nerveux du vestibule émis par chaque oreille sont divergents, ce qui crée la sensation de vertige.
Mauvaise réaction du plongeur
tentative de Valsalva pendant la remontée
L’accident suspecté
Le barotraumatisme de l’oreille interne. Il est dû à un Valsalva à la remontée, responsable d’une dépression dans la caisse tympanique. Le tympan se déforme brutalement transmettant les osselets créant un mouvement de piston de la fenêtre ovale. Les liquides péri lymphatiques incompressibles transmettent ce mouvement brutal à la fenêtre ronde qui se déchire. Un « coup de piston » de l’étrier sur la fenêtre ronde dû à un Valsalva « forcé », peut entrainer un déchirement de celle-ci.
Symptômes
Les symptômes associés à cet accident sont Hypoacousie (surdité de perception ou mixte), Acouphènes aigus, Sensation de plénitude de l’oreille, Parfois vertiges avec nausées +/- vomissements (à différencier d’un banal mal de mer ou d’un ADD de l’oreille interne.)
Quelques conseils que les stagiaires pédagogiques doivent appliquer avec leurs élèves
- Repréciser à chaque briefing d’avant plongée avec les débutants qu’il ne faut pas faire de Valsalva à la remontée
- Faire remonter les débutants avec un point d’appui (mouillage ou fonds à proximité)
- Se tenir à porté de main des débutants pendant la remontée et être vigilent à ce qu’ils ne fassent pas de manœuvre de Valsalva à la remontée
- En cas de problème, faire stopper la remontée, pratiquer des déglutitions ou la manoeuvre de Toynbee et surtout pas un Valsalva qui ne peut qu’aggraver le problème. Le plongeur peut être amené à redescendre d’un mètre ou deux pour réduire la différence pressionnelle dont nous parlions dans le mécanisme.
Quels types de manœuvres d’équilibration utilisables par le plongeur ? Quels conseils donneriez vous à vos stagiaires pédagogiques afin qu’ils préservent au mieux les oreilles de leurs élèves ? (1 pt)
Les méthodes de déglutition, Valsalva, BTV, Toynbee, Frenzel seront abordées. Il est attendu un descriptif et avantages de chaque méthode. « On insistera sur l’enseignement des techniques d’équipression passives, et sur l’enseignement de la béance tubaire volontaire qui permet au minimum d’apporter une rééducation et une gymnastique des muscles péristaphylins, et une meilleure perception de la physiologie tubaire chez le plongeur. » Fred Di Meglio
Quelques conseils que les stagiaires pédagogiques doivent appliquer avec leurs élèves :
- Faire une visite annuelle chez un médecin fédéral, sport, hyperbare ou ORL.
- Ne pas plonger lorsqu’on est enrhumé, arrêter la plongée si l’oreille ne passe pas.
- Commencer à équilibrer dès le début d’immersion et avant la gêne.
- Ne jamais forcer si ça ne passe pas à la descente, remonter pour tenter de rééquilibrer.
- Ne jamais compenser à la remontée.
- Tenter d’enseigner le « Valsalva allégé » préconisé par Fred Di Méglio dès le baptême