L’oxygène en plongée

Polynésie 2012

Sujet

Listez les accidents ou incidents liés à l’utilisation de l’oxygène par le plongeur, tant par excès que par défaut. Vous décrirez leurs symptômes associés aux mécanismes ainsi que les actions qu’il convient de mettre en œuvre face à ces accidents. (6 pts)

Correction

L’hyperoxie : Mécanismes.

L’hyperoxie survient à une pression partielle d’O2 de 1.6 bar dans l’air inspiré. C’est l’effet Paul Bert (neuro toxicité). Le surplus d’oxygène véhiculé par le sang est donc toxique pour les neurones. Sachant que l’augmentation de la  PpO2 génère une très faible majoration de l’oxygène transporté (hémoglobine quasiment saturée en normoxie), on peut en déduire que les neurones sont très sensibles à l’oxygène.

Cette PpO2 correspond à une profondeur de 66 mètres pour une plongée à l’air et à 6 mètres pour une plongée à l’oxygène pur. Cet accident se déroule le plus généralement en trois phases : phase tonique, phase clonique, phase résolutive.

Ces profondeurs seuils sont variables en fonction du mélange utilisé lors de plongées au Nitrox ou Trimix et en fonction de la susceptibilité du plongeur. Le plongeur devra alors la calculer avant chaque plongée en fonction du pourcentage d’oxygène qu’il aura mesuré afin de fixer la profondeur maximale jusqu’à laquelle il pourra évoluer. On parle alors de Profondeur Maximum d’utilisation.

Un autre mécanisme d’accident hyperoxique est la trop longue exposition ou répétée souvent, à un niveau élevé de pression partielle d’O2 (> 0.5b) .Dans ce cas, la personne s’expose à un accident dû à l’effet Lorrain Smith (pneumotoxicité). Cette fois, ce sont les cellules pulmonaires qui réagissent par une réaction inflammatoire à l’exposition à une trop grande quantité d’oxygène pendant une longue durée.

La mise en évidence de la différence d’action de l’O2 dans ces deux cas est exigible.

Mesures à mettre en place :

Dès l’apparition des symptômes, il faut ramener le plongeur à une pression partielle correcte, en le remontant à la profondeur adaptée. Il faut ensuite traiter les éventuels dommages consécutifs à ces accidents (noyade, surpression pulmonaire, ADD…). L’intervention sur le plongeur en crise hyperoxique ne doit pas se pratiquer face à l’accidenté dont les gestes incontrôlés pourraient mettre en danger l’intervenant.

En cas d’effet Lorrain Smith, la victime devra être vue par un médecin car les dégâts peuvent avoir des conséquences plus ou moins graves. A noter que l’utilisation régulière du NITROX peut amener à des réactions chroniques. (% d’OTU donnée par les ordinateurs)

Afin de prévenir ce type d’accident, on veillera en plongée sous-marine:

  • à ne jamais dépasser la profondeur maximale autorisée par le mélange que l’on respire
  • ne pas effectuer de trop longues plongées à l’oxygène pur dans des intervalles trop courts.

L’hypoxie : Mécanismes.

Les apnéistes, ainsi que les plongeurs trimix, peuvent être sujets à une syncope hypoxique.

  • Lors d’une apnée, les muscles produisent du CO2. L’excès de CO2 dans le sang provoque alors l’envie de respirer. Avant une apnée, certains apnéistes pratiquent l’hyperventilation. Ainsi, ils abaissent anormalement la quantité de CO2 dans leur sang (ce qui génère une alcalose), sans pour autant augmenter la quantité d’O2 (l’hémoglobine est déjà quasiment saturée). L’O2 est consommé par les muscles et tout l’organisme. Le besoin de respirer, différé par l’hyperventilation, n’est pas perçu alors que le taux d’O2 est déjà physiologiquement insuffisant. Ce fait peut entraîner différentes conséquences : samba suivie ou non d’une syncope ou syncope sans signe avant coureur. La samba et la syncope sont deux manifestations d’une souffrance cérébrale.
  • Le plongeur trimix qui utilise un mélange hypoxique pour atteindre une profondeur supérieure à 70 m peut être confronté à l’hypoxie s’il utilise ce mélange à proximité de la surface. Ainsi la souffrance cérébrale qui en résulte est identique celle de l’apnéiste.
  • Dans les deux cas, en l’absence d’intervention d’un compagnon, la reprise ventilatoire qui suit la syncope entraînera la noyade.

Conduite à tenir :

Le binôme doit le plus rapidement possible : remonter l’apnéiste, lui maintenir les voies aériennes hors de l’eau, prévenir les secours : Le binôme doit intervenir avant la noyade (avant la reprise ventilatoire qui entraîne une inhalation d’eau). Une fois au sec, il faut favoriser la reprise de conscience de l’accidenté en le stimulant.

Prévention :

Avant une apnée, il ne faut pas « mentir » à son corps : pas d’hyperventilation, pas d’expiration forcée. Pratiquer toujours en binôme de même niveau, avec une surveillance de chaque instant. Adopter un lestage permettant à l’apnéiste une remontée sans efforts. Ne pas souffler d’air durant l’apnée et surtout lors de la remontée. Être relaxé. Respecter un temps de récupération avant une deuxième apnée égal à 2 fois la durée de la première au minimum. Ne pas chercher la performance.

Laisser un commentaire