Polynésie 2012
Sujet
- Pourquoi le plongeur en immersion est-il plus sensible au froid que le terrien ?
- Décrivez les mécanismes d’adaptation de l’organisme face au froid ?
- En excluant l’ADD, quels types d’accidents peuvent survenir sur un plongeur subissant le froid ?
- Vous dirigez un stage de formation N IV dans des conditions climatiques difficiles (eau froide, vent, température faible, mer difficile). Quelles recommandations donnerez-vous à votre équipe d’encadrement ?
- Listez les comportements observables pouvant laisser présager au guide de palanquée qu’un de ses plongeurs subit les effets du froid ?
Correction
Sensibilité au froid du plongeur en immersion (1 pts)
L’homme est un homéotherme. L’homéostasie est la capacité que peut avoir un système quelconque (ouvert ou fermé) à conserver son équilibre de fonctionnement en dépit des contraintes qui lui sont extérieures. Chez l’homme, une des contraintes extérieures est la température. Le corps, par différents mécanismes de défense, maintient en permanence la température corporelle aux alentours des 37°.
L’équilibre thermique, dans l’air, est de 25° alors qu’il est de 33° dans l’eau. En d’autres termes, en dessous de 33° dans l’eau, nous sommes en déperdition thermique. Le corps est en permanence en train de lutter pour maintenir sa température corporelle. Lorsque la température s’éloigne de celle de l’équilibre thermique, le corps devra redoubler d’efforts.
En plongée, les échanges thermiques s’effectueront par conduction, convection, ventilation et évaporation après plongée.
Mécanismes de défense de l’organisme face au froid (3 pts)
Des notions de physiologie sont ici attendues pour étayer la réponse b.
Augmentation de la production de chaleur (augmentation thermogénèse)
- Frissons, tremblements : signes de l’effort du corps pour maintenir de la température corporelle, Ces réactions sont peu efficaces (réflexes ancestraux)
- Augmentation ventilation : elle intervient rapidement après l’agression thermique et vise à augmenter la quantité d’O2 capturée lors de la ventilation pour permettre l’oxydation des réserves en glycogène de notre organisme et accroître la production calorifique interne.
- Augmentation du métabolisme cellulaire
Baisse de la perte de chaleur (baisse thermolyse)
- Horripilation (chair de poule) : les poils se dressent pour rajouter une couche d’air entre la peau et l’eau. Cette réaction est inefficace puisque nous n’avons plus une pilosité suffisante.
- Vasoconstriction périphérique : l’eau est un bien meilleure conductrice de chaleur que l’air ; le corps se refroidit plus vite dans l’eau que dans l’air. Pour contrer cette perte de chaleur, le corps « éloigne » le sang de la périphérie du corps en contact avec la source froide. En effet le froid produit une constriction des vaisseaux sanguins périphériques. Le sang y circule moins et il est refoulé vers les organes nobles provoquant une nouvelle augmentation de la pression sanguine dans le thorax, le cœur, et le cerveau.
- Celle-ci provoque l’élimination d’une grande quantité d’eau par les reins (diurèse), ce qui génère une hémoconcentration. La diurèse entraîne une déshydratation et une sensation de soif.
- Le bleuissement des extrémités : indique une limitation de la circulation
- L’homme en immersion subit une force supplémentaire: la poussée d’Archimède s’oppose à la pesanteur, ce qui favorise le retour veineux. Ce phénomène qui se produit même en mer chaude s’ajoute au précédent provoquant également une augmentation de la pression sanguine similaire à celle provoquée par la vasoconstriction (cœur, cerveau, thorax).
- L’augmentation de la diurèse due au froid et celle générée par l’immersion constituent la même réaction adaptative de l’organisme destinée à lutter contre l’hyper-volémie sanguine
Comportements observables du froid (1 pt)
Plongeur en position fœtale ; tremblements, crampes, perte d’attention, augmentation de la ventilation et respiration, désintéressement à la plongée
Accidents susceptibles survenir sur un plongeur subissant le froid. (1 pt)
Narcose, essoufflement, Surpression pulmonaire (expiration insuffisante)
Recommandations qu’un directeur de stage de formation niveau IV donnera à son équipe d’encadrement dans le cadre d’une plongée en eau froide et de condition climatique difficile (2 pt)
L’alimentation
- Hydratation des plongeurs avant et après la plongée
- Apport en glucide des plongeurs avant une plongée en eau froide
- Boisson chaude et sucrée après plongée (pas d’alcool pour se réchauffer)
Le matériel
- Il faut utiliser de préférence deux détendeurs séparés pour chaque plongeur (2 premiers étages avec chacun un premier étage) montés sur deux sorties indépendantes sur la bouteille.
- Adapter la profondeur de manière à ne pas trop solliciter les détendeurs avec un débit d’air important.
- Contrôler sa respiration en évitant les efforts inutiles qui augmentent le débit du détendeur.
- Rappeler au plongeur de ne pas gonfler un gilet et/ou une combinaison étanche au moment de l’inspiration, ce qui augmente le débit d’air. Alterner inspiration et expiration + gonflage.
- Il existe la possibilité de monter des kits antigivre sur certains détendeurs
- Faire entretenir régulièrement ses détendeurs par un technicien agrée.
- Gonfler vos bouteilles avec des compresseurs de bonne qualité pour éviter d’avoir de l’eau dans celle-ci (Condensation) qui augmente les risques de givrage.
- Par palanquée, faire un exposé détaillé sur la procédure à suivre en cas de givrage
Le plongeur
- Vérification des équipements adaptés et bien ajustés avec gants, chaussons et cagoule malgré niveau IV ;
- Protéger le plus possible la nuque (le bulbe est le centre de lutte contre le froid) ;
- Limitation de la durée de la plongée en fonction de la température ;
- Vêtements secs et chauds ou coupe vents sur combinaison après plongée ;
- Limiter le nombre de remontées par plongée ;
- Les moniteurs de l’équipe d’encadrement doivent adapter leur plongée :
- Réduire les temps de plongée
- Privilégier les plongées dans la courbe sans palier
- Réaliser un palier de sécurité si les conditions le permettent. (Adapter la profondeur et le temps pour le réaliser en situation de confort thermique optimal
- Limiter la profondeur (Voir détendeur)